En 2006, le Canada a déployé des chars Leopard 1A5 pour briser les embuscades des talibans. Ukraine, prenez note.
Des chars Leopard C2 canadiens effectuent un mouvement routier à l'aérodrome de Kandahar, en Afghanistan.
En 2003, le gouvernement canadien a pris la décision controversée de retirer du service les 66 chars Leopard C2 de l'armée canadienne, des variantes locales du Leopard 1A5 de conception allemande.
Trois ans plus tard, en septembre 2006, une force canadienne circulant dans des véhicules blindés légers à roues s'est retrouvée dans une embuscade des talibans dans la province afghane de Kandahar.
Des tirs croisés de roquettes et d’armes à feu ont traversé les véhicules. Sur les 50 Canadiens participant au combat, quatre ont été tués et au moins 10 ont été blessés. Les Canadiens, désarmés, ont fait appel à un avion de guerre de l'OTAN, mais l'équipage a accidentellement largué une bombe de mille livres pratiquement sur les mêmes troupes qu'elle était censée sauver.
La défaite à Kandahar a incité le gouvernement d'Ottawa à revenir sur sa décision concernant les chars. L'armée canadienne a rapidement transporté 20 des Léopards de 40 tonnes vers l'Afghanistan, ainsi que quatre véhicules blindés de dépannage et quatre véhicules blindés de génie.
Le contingent de 28 véhicules est resté en Afghanistan pendant cinq ans, échangeant finalement certains des Léopards de première génération contre des Léopard 2A6 plus récents. Le contingent canadien en Afghanistan a fait bon usage de ses chars, lançant des embuscades pour faire exploser les points forts des talibans. «Nous avons donné un coup de pied à ces connards», a écrit un vétéran de l'équipage d'un tank.
En cinq années de durs combats, trois C2 ont été détruits et 15 autres endommagés. Les fusils sans recul de 82 millimètres des talibans constituaient une menace majeure.
La guerre en Afghanistan a mis en évidence les atouts du Leopard 1A5 des années 1980. Le char à quatre équipages dispose d'une excellente puissance de feu sous la forme d'un canon principal stabilisé L7 de 105 millimètres dirigé par des commandes de tir de classe mondiale, y compris une optique jour-nuit décente.
Le L7 est compatible avec une cartouche spéciale « squash » qui fonctionne vraiment très bien contre les bâtiments. La plupart des autres canons de char ne peuvent pas tirer.
Tout aussi important, le Leopard 1A5, alias le Leopard 2C, est flexible. Sa coque comprend des points de fixation pour les rouleaux miniers, les chasse-mines et les lames de bulldozer. Un Leopard 2A6 standard n'a pas les mêmes points de fixation.
Ainsi, le Leopard 1A5 peut également servir de véhicule d'ingénierie et d'assaut : nettoyer des champs de mines, percer des bermes de terre, percer des trous dans les murs. Le nouveau Leopard 2A6 ne peut pas faire ces choses, à moins qu'une armée ne le modifie, comme l'armée canadienne l'a finalement fait.
Dans le même temps, le Leopard 1A5 présente des inconvénients évidents. Son canon rayé de 105 millimètres, bien que précis et compatible avec un large éventail de types de munitions, n'a pas la puissance de pénétration brute du plus gros canon lisse de 120 millimètres qui arme chaque modèle Leopard 2.
Plus important encore, le Leopard 1A5 est finement blindé. Le blindage en acier le long de son arc frontal n’a que 70 millimètres d’épaisseur. Cela représente un dixième de la protection des derniers Leopard 2. Il est révélateur que les équipages canadiens en Afghanistan aient commencé à craindre les fusils sans recul désuets des talibans.
Le blindage mince du Leopard 1A5 le rend inadapté aux opérations interarmes aux côtés de véhicules de combat d'infanterie en terrain découvert. Un Leopard 1 ne tiendrait pas longtemps dans un assaut complexe et direct contre les tirs de chars et de missiles ennemis.
Tout cela compte en 2023, car un consortium néerlando-germano-danois a promis au moins 100 – et potentiellement plus de 200 – d'anciens Leopard 1A5 pour l'effort de guerre de l'Ukraine.
Une fois que le premier lot de 100 Leopard 1 arrivera en Ukraine entre juin et début 2024, il devrait devenir le char de style occidental le plus nombreux en service en Ukraine. Les Ukrainiens doivent trouver comment utiliser les vieux chars.
L'expérience des Canadiens avec le Leopard de première génération nous rappelle que le char fonctionne très bien comme véhicule d'assaut urbain. Un combat rapproché entre les bâtiments exploite la puissance de feu du Leopard 1A5 et atténue son manque de protection blindée, en le gardant hors de la vue des chars et des équipes de missiles antichar de l'ennemi.
De plus, c'est dans les rues jonchées de décombres que les nombreux accessoires de coque du Leopard 1, en particulier sa lame de bulldozer, sont particulièrement utiles.